Les Mystères Primitifs.
Quelques écrits sur les mystères primitifs et leurs rapports à la sagesse antique.
In « La tradition secrète des mystiques ou le Gnostique de Saint-Clément d’Alexandrie » (Fénelon)1 « La Gnose 2 a été donnée de Dieu dès le commencement, sans écriture à ceux qui en avaient l’intelligence, c’est-à-dire aux patriarches et aux autres saints qui ont précédé la loi écrite ; ensuite elle a été écrite d’une manière enveloppée et allégorique en sorte qu’elle est plutôt dans l’explication de l’Écriture que dans l’Écriture même ; enfin le Sauveur a donné à ses apôtres la tradition non écrite, c’est-à-dire une explication secrète et de vive voix du sens le plus profond des écritures où le mystère de la gnose se trouve renfermé. […] La gnose est dans l’Écriture, mais d’une manière profonde et mystérieuse, dont on a la clé qu’à mesure qu’on avance jusqu’à la charité pure et permanente qui en est le comble. »
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In « Les Voyages de Cyrus » (Ramsay)3 .
« Adam est le père de toute l’humanité, de sorte que les sages de toutes les nations, époques et religions eurent bien quelques idées de ces théories sublimes quoique plus ou moins dégradées, altérées et assombries et […] ces vestiges ou indications éparpillées des vérités les plus sacrées et exaltées furent à l’origine des rayons émanant des antiques traditions primitives, transmises de génération en génération depuis le commencement du monde, ou du moins depuis la chute de l’homme, à toute l’humanité.
Io n’est nullement probable qu’un homme aussi sage que Noé, conversant avec le Logos et instruit par lui, se serait fié à la seule tradition orale pour préserver et transmettre ces divines lumières et sublimes mystères de la foi à sa postérité et à toutes les nations qui devaient couvrir la surface de la terre. Il prit soin sans nul doute de les faire écrire selon les caractères alors en usage … les hiéroglyphes. » (pp. 457-458).
« L’état primitif de l’homme était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui : au dehors toutes les parties de l’univers était dans une harmonie constante, au dedans tout était soumis à l’ordre immuable de la raison ; chacun portait sa loi dans son cœur et toutes les nations de la terre n’était qu’une république de sages.
Les hommes vivaient alors sans discorde, sans ambition, sans faste, dans une paix, dans une égalité, dans une simplicité parfaite ; (…) tous les goûts conduisaient à l’amour de la vertu et tous les talents conspiraient à la connaissance du vrai ; les beautés de la Nature et les perfections de son Auteur faisaient les spectacles, les jeux et l’étude des premiers hommes. » (pp. 82-83)
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1
Cité dans Renaissance Traditionnelle n° 189, janvier 2018, pp. 39-40.
2
Par « Gnose », il convient d’entendre ici, selon le contexte de Fénelon « mystères primitifs de la loi naturelle », dans laquelle les attributs de Dieu sont la Force, la Sagesse, la Bonté infinie, la trinité et l’amour pur. Cf Renaissance Traditionnelle n° 189, p. 39. Ce sens est donc fondamentalement différent du sens commun « doctrine dualiste secrète » et l’a conservé jusqu’au VIe siècle.
3 Cité dans Renaissance Traditionnelle n° 189, janvier 2018, p. 48