Que Cherchez-Vous ?.
En préambule à la lecture de ce présent travail nous avons utilisé volontairement pour l’étude de ce soir certains textes émis par le Directoire National afin que ceux-ci soient remis en lumière régulièrement car porteur d’une vérité commune nécessaire à l’appréhension du Rite et spécialement rédigés à notre attention et répondant aux attentes des Maitres Ecossais.(1)
Que cherchez vous qui cherchez vous que devez vous chercher
La question que cherchez vous peut être retournée et se transformer en « que devons nous chercher ? » ce qui pourrait être une réponse/question subsidiaire mais cette fois justifiée par une certitude.
Pour trouver, il faut savoir ce que l’on cherche, savoir de quel domaine il s’agit, et comment le chercher. Mais le mot trouver convient il ? Il signifierait qu’une solution finale et définitive existe. Cette acception n’existe pas dans le domaine qui nous occupe.
Ces questions sont essentielles mais ne peuvent trouver véritablement un début de réponse claire qu’après avoir intégrer le Grade de Maitre Ecossais de St André lorsque le Maçon a reçu la totalité de la doctrine et des moyens proposés par la Maçonnerie Rectifiée. Chacun doit s’approprier ces questions et longuement les méditer car elles seront pour quiconque un moyen de revenir sur ses propres motivations, et permettra ainsi de requalifier sa quête personnelle, car bien souvent, faute de vigilance, nous nous égarons.
Ces 3 questions quand elles sont superposées à la définition de l’initiation rectifiée peuvent trouver un commencement de réponse.
La définition communément admise veut que notre Régime Ecossais Rectifié constitue une voie d’enseignement initiatique nous invitant dans un premier temps à comprendre au plus profond de notre être la Voie et les moyens de réalisation qui nous sont offerts, et nous préparant progressivement à les mettre effectivement en œuvre individuellement lorsque le temps en est venu.
Pour être didactique il y a donc deux phases distinctes. D’abord une compréhension de type intellectuelle et spéculative de la voie et des moyens puis une phase d’expérience intérieure, le comprehenderunt de la lumière intérieure qui relève de l’intime, de la rencontre source du véritable secret maçonnique.
C est dans la première phase celle de la compréhension de la voie et des moyens que nous rencontrerons le « que cherchez-vous » et dans laquelle peut s’inscrire le fait de lire comme ce soir une planche qui doit éclairer intellectuellement le parcours.
C’est dans la seconde » phase, celle de la rencontre que nous retrouverons le « qui cherchez vous ». Car cette recherche, verra l’intervention d’intercesseur, de guide extérieur qui nous conduiront petit a petit à nous même, jusqu’a être le fruit de la part de nous-mêmes qui aspire à cette unité, celle qui a souvenance de son état primordial et aspire à le réintégrer.
C’est ce que propose la Franc Maçonnerie rectifiée dans ses 4 grades, et c’est ce que récapitule l’ensemble de la cérémonie de réception au grade de Maitre Ecossais de Saint And
ré.
Dans le parcours d’appréhension du rite l’apprenti doit chercher à dégrossir la pierre brute C’est à dire prendre conscience de sa propre réalité ; l’inversion dans la hiérarchisation de ses composantes fondamentales tournées vers le physique, de son état de chute et de l’espérance de réintégration projetant au-delà du monde incarné. Adhuc stat nous rappelle que nous sommes un être spirituellement debout et en attente de plus grandes choses.
Le Compagnon doit chercher à se recentrer sur lui-même et découvrir tel qu’il est c’et à dire prendre possession de son être duel au travers du miroir après vérification auprès de l’étoile flamboyante.
Le Maitre ayant pris conscience des dimensions physiques et psychiques affrontera les terreurs de la descente au tombeau pour y laisser le vieil homme cerné grade de compagnon et s’assurer ainsi de ne pas être déjà mort de son vivant. Il cherchera à se relever
Se libérant ainsi des chaines de son ancienne condition le Maitre Ecossais procédera au sacrifice de son ancien état par la résurrection du nouvel homme par lui-même et en lui- même conformément à la révélation que constitue l’Apocalypse. Il s’ouvre à la vision du Temple de la Nouvelle Jérusalem et la prise de conscience de ce qu’est le seul Temple qui vaille: « Le Temple de Dieu est sacré et ce Temple, c’est vous. Il faut vraiment avoir le désir de l’abandon pour recevoir, en son propre centre, ce qui confère à l’homme sa dimension complète : corps, âme et esprit.
Il y a donc en nous deux hommes un homme extérieur un homme intérieur. Le rite va exploiter cette dualité en nous mettant sous la coupe d’un guide.
Dans la cérémonie de réception au grade d’apprenti, au moment où le candidat s’apprête à entreprendre le premier voyage, le V.M. lui dit ces mots: « celui qui, étant dans les ténèbres, veut se diriger lui-même et marcher sans guide s’égare et se perd ». La cause semble entendue : il y a un chemin (sinon pourquoi, s’égarerait-on ?), ce chemin ne nous est pas visible parce que nous sommes dans les ténèbres, il nous faut donc un guide pour accéder à la lumière, qui est à la fois le but du chemin et le moyen de le trouver. La conséquence logique, c’est que celui qui est dans la lumière n’a pas besoin de guide.
Les instructions morales du premier grade deviennent plus précisent quant à la véritable nature du guide. « Le guide inconnu qui vous a été donné pour faire cette route, vous figure le rayon de lumière qui est inné dans l’homme, par lequel seul il sent l’amour de la vérité et peut parvenir jusqu’à son Temple ».
Donc dès le premier instant de notre réception, le rituel fait référence à l’existence d’un guide inconnu et personnel, qui figure ce rayon de Lumière qui est inné dans l’homme, et que nous devons rencontrer. On voit que la problématique du guide est posée dès l’origine du processus initiatique, et ce n’est évidemment pas un hasard.
Dans le texte la notion du guide est donc indissociable de la notion de lumière
Reçu Apprenti, nous demandons alors à recevoir la Lumière. Il est évident que la Lumière dont il s’agit est une Lumière intérieure, déjà présente en nous, c’est donc l’illumination de (par) notre propre Lumière que nous demandons. Il s’agit de la révélation de la Lumière luisant en
nos ténèbres, Il s’agit de cette lumière qui nous habite, qui réside en nous malgré notre inattention à sa présence, qui est l’ultime manifestation individualisée en notre propre microcosme de la descente de la lumière primordiale. Cette lumière intérieure est assimilée a un guide cette fois intérieur qui seul reconnait l’amour et la Vérité
Ceci n est pas sans nous rappeler un texte que nous avons obligatoirement tous lus au moment qui précède notre réception dans la loge proprement dite.
Replié sur lui-même dans la chambre de retraite, éclairé ‘une seule bougie qui ne perce qu’à
peine des ténèbres sans ombre, le candidat prend connaissance du texte suivant :
« Dans cette solitude apparente ne crois pas être seul.
Absolument séparé des autres hommes, rentre ici dans toi même, et vois s’il est un être qui soit plus près de toi que celui dont tu tiens l’existence et la vie. »
La encore il nous est demandé de rentrer en nous même et de voir s’il est un être plus proche que notre créateur biologique, c est à dire l’essence même de la vrai vie. Cet être est à rapprocher de ce rayon de lumière qui est en nous. Il y à deux mots « être et lumière « pour designer une même réalité qui jusqu’ a maintenant nous échappait.
Le parcours que nous effectuons à la lumière du rituel ainsi que l’ensemble de tous ces guides extérieurs qui sont diligentés pour mettre en œuvre une rencontre avec ce guide intérieur celui que certain nomme AUSSI le maitre intérieur.
Notre sphère psychocorporelle est habitée par un passager spirituel qui est au centre, qui Est le Centre. Une question peut être posée à chacun: qui gouverne en nous? Sommes-nous conduits, ou bien conduisons-nous l’attelage?
La cérémonie de réception visualise notre parcours intérieur. Le frère introducteur, guide extérieur est le lien entre l’extérieur de la loge et l’intérieur celle-ci. Il a en charge le transfert d’un candidat marqué par l’exil c est à dire un homme déchu tourné vers la matérialité
Le second surveillant compose un cortège en plaçant le candidat sous les yeux du frère introducteur. Autrement dit le candidat est suivi par l’image de son ancienne condition d’exil, Le candidat tourne le dos à l’image de son ancien état d’homme statique. Le nouveau guide totalement inconnu du candidat qui est le second surveillant va hiérarchiser les états de cherchant et le persévérant, Le second surveillant est d’abord visible, extérieur, incarné. Puis il s’intériorisera en se spiritualisant. La métamorphose de l’étoile aperçue au premier grade, reconnue au second et révélée dans sa structure interne au quatrième est une illustration de ce mouvement, qui prépare à l’ordre intérieur où le guide et le guidé se rejoignent et se fondent l’un dans l’autre.
Le rituel visualise donc une progression nécessaire et méthodique qui va donner un sens (dans toutes les acceptions du terme) à sa vie ou l’homme tourne le dos à la matérialité et hiérarchise les composantes de son être. L’objectif de notre démarche initiatique, est de ramener notre propre condition décentrée, d’abord victime impuissante des influences qui nous entourent, à la situation centrale qui doit normalement nous appartenir en ce monde,
c’est à dire d’homme pleinement conscient et Maître de toutes les possibilités dont nous devrions être pourvu.
Notre désir ne suffit pas seul à ouvrir la porte, mais il en est la condition nécessaire.
Si ce désir n’avait pas été perçu par notre parrain, le premier de tous les guides si l’on y réfléchit bien, la porte de la Loge, sans parler de celle du Temple, ne se serait sans doute jamais ouverte. Cette rencontre, et toutes celles qui suivront, implique que le guidé ait conscience du manque et le guide conscience de l’état de manque du guidé. Cette adéquation de consciences est à la fois cause et condition de la rencontre. On songe à la célèbre formule:
« Quand le disciple est prêt, le maître apparaît ».
Retenons, en première analyse, que le guide suppose un état de conscience partagé.
Nos rituels expriment à la fois une représentation symbolisée du parcours de l’âme vers l’esprit et la mise à disposition de l’impétrant des outils nécessaires pour parvenir à cette rencontre.
Le paradoxe est qu’il faut avoir travaillé pour rencontrer le Guide, mais que le travail ne prend son sens (direction et signification à la fois) qu’avec cette rencontre.
Les choses nous sont clairement données: l’initié part de lui-même pour aller à lui- même. Le Guide, extérieur, qui joue évidemment un rôle important n’est en rien le point final à atteindre. Chaque être n’a d’autre destin que d’ entrer au plus profond de lui-même pour se porter à la rencontre de « Celui » qui est le seul véritable guide de toute réalisation spirituelle.
Le guide est aussi une constante de toutes les traditions spirituelles et de tous les systèmes initiatiques.
Pour avancer sur ce chemin, le cherchant devra appréhender avec le temps la méthode
globale suivante :
« Vaincre ses passions », c’est-à-dire reconquérir la maîtrise corporelle et psychique
indispensable à la poursuite du processus de réalisation,
« Surmonter ses préjugés », c’est-à-dire déconstruire l’image du monde crée par son mental,
«soumettre ses volontés aux lois de la Justice », c’est-à-dire actualiser en lui la volonté divine, ce qui correspond exactement aux trois phases du travail initiatique quand il est reformulé dans un langage typiquement maçonnique.
Cette libération, indispensable à la perception de la réalité de l’Etre, doit conduire le frère persévérant à percevoir l’Unité Divine au cœur de la multiplicité des formes de la manifestation, c’est-à-dire au centre de lui-même, unité qu’il lui faudra ensuite apprendre à contempler
Nous croyons devoir nous élever vers Dieu alors que Sa Présence est en nous. Il nous faut donc monter dans la profondeur de notre « dedans », nous élever jusqu’à notre Centre pour y rencontrer le guide intérieur