L’ORIGINE DE L’ORDRE
L’Origine de L’ordre est si reculée, qu’elle se perd dans la nuit des siècles….
Lors du Convent des Gaules en 1778, fut édictée une loi qui deviendra le « Principe » même du : Régime Écossais Rectifié « l’Ordre », considéré comme base et fondement spirituel – de nature initiatique -, et non quelque structure obédientielle, qui légitime et fonde la régularité des Loges :
« Les Loges ne sont que des sociétés particulières, subordonnées à la société générale, qui leur donne l’existence et les pouvoirs nécessaires pour la représenter dans cette partie d’autorité qu’elle leur confie ; que cette autorité partielle émane de celle qui réside essentiellement dans le centre commun et général de l’Ordre»
Ainsi s’imposait que puisse être érigé un « Ordre initiatique » d’essence chevaleresque, mais d’une chevalerie toute spirituelle car destinée à livrer une bataille subtile se situant dans l’invisible, capable de lutter, non pour rétablir un Ordre matériel disparu au cours de l’Histoire au XIVe siècle, celui du Temple, mais contre les reliquats de la dégradation originelle en engageant un combat susceptible de réduire et abattre les forces qui enserrent les êtres dans les obscurs cachots du domaine des ombres depuis la Chute.
Pour René Guénon la « dégénérescence » de la Franc-maçonnerie, provient des formes « Obédientielles », qui ont été « calquées sur la forme des gouvernements profanes ».
René Guénon (+ 1951) sur ce point sut rappeler, avec pertinence, ce qui vint frapper la Franc-maçonnerie moderne, lorsqu’elle appliqua à ses formes traditionnelles, le modèle de structures profanes :
« Cette « dégénérescence », si elle ne change en rien la nature essentielle de la Maçonnerie, rend parfaitement explicables les nombreuses déviations qui s’en sont dégagées depuis trois siècles, et dont l’organisation sous sa forme « obédientielle », en des structures qui présentent le défaut évident « d’avoir été calquées sur la forme des gouvernements profanes », est l’un caractère fort symptomatique de cette modernité. »
Marius Lepage en 1954, accueillant en loge le R.P. E. Kowalevsky, de l’Eglise orthodoxe russe, qui sera ultérieurement sacré évêque (Mgr Jean) de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France (E.C.O.F.).
Photo tirée de J. Tourniac, Vie et perspectives de la Franc-Maçonnerie traditionnelle, Dervy, 1978.
Ce à quoi – pour rendre hommage à Marius Lepage (+ 1972), grand maçon qui prit l’initiative d’inviter le Révérend Père Michel Riquet en loge – on pourrait rajouter ces lignes que n’aurait pas reniées Jean-Baptiste Willermoz :« L’Ordre est d’essence indéfinissable et absolue; l’Obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse congénitale de l’esprit humain. »
Force est de constater, alors qu’aujourd’hui beaucoup ont perdu la compréhension de ce qu’est « l’Ordre » selon les critères du Régime rectifié, et qu’il est donc grand temps d’en revenir aux principes de la Réforme de Lyon, tels que rappelés dans l’une des Instructions datant du Convent des Gaules :
« Vous cherchez à remonter au but primitif de la Franc-Maçonnerie et l’on vous a attaché à un Ordre qui correspond avec ceux qui seuls peuvent vous instruire. Si vous savez quelque jour vous faire reconnaître pour un vrai chevalier Maçon de la Cité Sainte, si vous bâtissez constamment dans le Temple du Seigneur, vous pouvez concevoir l’espoir de parvenir à un but si désiré. »
Il convient ainsi de conserver en mémoire, que le travail du maçon rectifié, est, non de se perdre dans de vaines entreprises profanes dans lesquelles les formes obédientielles, hélas ! Entraînent beaucoup trop de vrais cherchants en les conduisant à des impasses spirituelles, mais de tenter de remonter, par un lent et patient labeur intérieur, vers la « source précieuse » qui se perd dans la nuit des siècles :
« L’origine de l’Ordre est si reculée, qu’elle se perd dans la nuit des siècles ; tout ce que peut l’institution maçonnique, c’est d’aider à remonter jusqu’à cet Ordre primitif, qu’on doit regarder comme le principe de la franc-maçonnerie ; c’est une source précieuse, ignorée de la multitude, mais qui ne saurait être perdue : l’un est la « Chose » même, l’autre n’est que le moyen d’y atteindre.»
« L’accomplissement des rites propres à l’écossisme rectifié suppose que celui-ci soit constitué en un régime autonome. »
Ainsi le Régime, car il s’agit bien d’un « régime » lorsqu’on parle du R.E.R., est fondé sur la notion d’Ordre, notion qui n’a strictement rien à voir avec la conception moderne « d’obédience »
« L’Ordre », du point de vue rectifié, entendu dans son principe le plus profond, le plus authentique, ne réfère donc pas à une structure administrative et temporelle, mais relève d’une dimension purement spirituelle dont l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte a le devoir de protéger l’existence, et de le défendre contre les forces de l’Adversaire. »
Pour être clair sur le sujet, la conception structurelle obédientielle, en réalité issue d’une vision très moderne, est absolument étrangère à l’esprit de la rectification, et vouloir faire rentrer le Régime Écossais Rectifié dans les cadres de la maçonnerie andersonienne en le faisant coexister avec d’autres Rites, ou en le pliant à des vues et conceptions (sociétales, politiques, confessionnelles, dogmatiques, etc.), étrangères aux principes de l’Ordre, est une profonde aberration.
La conclusion, qui s’impose d’elle-même, et s’exige impérativement pour le Régime écossais rectifié – et le constat des années passées nous confirme la profonde justesse de cette déclaration, tant le Régime rectifié constitué au XVIIIe siècle lors du Convent des Gaules à Lyon en 1778, n’a point été pensé pour vivre contraint selon des formes, des règles, des usages, autres que ceux définis par les fondateurs de l’Ordre -, nous fut donnée par Robert Amadou (+ 2006) : « l’accomplissement des rites propres à l’écossisme rectifié suppose que celui-ci soit constitué en un régime autonome. »